Les négociations entre la Chine et un bloc arabe en vue d'un accord de libre-échange sont dans l'impasse en raison des préoccupations de l'Arabie saoudite, qui craint que les importations chinoises bon marché ne compromettent ses ambitions de transformer le royaume en une puissance industrielle, selon certaines sources.

L'Arabie saoudite a soutenu ces deux dernières années les efforts renouvelés du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le bloc arabe qui comprend le royaume, les Émirats arabes unis et le Qatar, entre autres, pour conclure enfin un accord avec la Chine, recherché depuis longtemps.

Toutefois, cinq sources informées des négociations ont déclaré que les parties étaient dans l'impasse en raison des réserves émises par l'Arabie saoudite à l'égard d'une liste de marchandises proposées par Pékin pour être exemptées des droits d'importation dans le Golfe.

L'Arabie saoudite craint qu'une vague de versions chinoises à moindre coût de produits qu'elle espère fabriquer sur son territoire ne nuise à son programme industriel, ont déclaré les sources.

Le bureau de communication du gouvernement saoudien, le secrétariat du CCG et le ministère chinois du commerce n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de Reuters sur les négociations commerciales.

Le royaume, premier exportateur mondial de pétrole, dispose d'une industrie manufacturière naissante dont le gouvernement espère qu'elle fabriquera un jour toutes sortes de produits, des puces informatiques aux pneus, dans le cadre d'un vaste plan de transformation économique visant à créer un secteur privé dynamique.

L'Arabie saoudite dépense des milliers de milliards de dollars pour développer son économie dans le cadre de ce programme, connu sous le nom de Vision 2030, dirigé par le dirigeant de facto du pays, le prince héritier Mohammed bin Salman.

Le prince Mohammed souhaite que l'Arabie saoudite réduise sa dépendance à l'égard de la rente pétrolière en créant un secteur privé fort, mais aussi qu'elle transforme le royaume en un grand centre d'affaires mondial.

Le volet industriel de ce plan de transformation est confronté à des défis, même sans rivaliser avec les produits chinois à moindre coût. Il s'agit notamment de trouver des travailleurs qualifiés parmi ses citoyens dans un pays où environ 60 % des 32 millions d'habitants sont des ressortissants saoudiens.

Pour construire sa propre industrie manufacturière, l'Arabie saoudite s'associe à des entreprises étrangères, notamment chinoises, pour développer des capacités locales et des chaînes de fabrication dans le royaume.

Les sources ont déclaré qu'un accord commercial entre la Chine et le Golfe n'était pas exclu, mais que les Saoudiens et les Chinois devraient probablement s'entendre sur une sorte de compromis pour finaliser l'accord.

En octobre dernier, les responsables du Golfe avaient évoqué la possibilité de conclure un accord prochainement. L'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, a été cité par les médias locaux en janvier, déclarant que bien que des progrès aient été réalisés, il restait des questions difficiles à résoudre.

La Chine et le CCG, qui comprend également Oman, le Koweït et Bahreïn, ont entamé des négociations commerciales il y a près de 20 ans. Toutefois, ce bloc arabe politique et économique peu structuré n'a conclu que très peu d'accords. Il a signé un accord de libre-échange avec la Corée du Sud en décembre.

En 2023, le commerce bilatéral entre la Chine et le Golfe s'élevait à 286,9 milliards de dollars, selon les données des douanes chinoises, l'Arabie saoudite représentant près de 40 % des échanges entre le Golfe et la Chine.

La Chine et les États du Golfe ont renforcé leur coopération économique ces dernières années, ce qui inquiète les États-Unis, qui sont depuis longtemps le principal partenaire des États arabes du Golfe en matière de sécurité.

Les responsables américains ont de plus en plus cherché à creuser un fossé entre les États du Golfe et la Chine, notamment en lançant des ultimatums pour qu'ils choisissent entre la technologie américaine et la technologie chinoise. (Reportage d'Alexander Cornwell, complément d'information de Rachna Uppal, rédaction d'Alexander Cornwell, édition de William Maclean)