L’année a plutôt bien commencé pour les places financières, qui ont profité ces dernières semaines des bonnes données macroéconomiques américaines, de résultats trimestriels globalement bien accueillis et de la perspective de baisse de taux aux Etats-Unis.

La tendance porteuse se poursuit donc, même si le scénario ciel bleu des investisseurs en début d'année (c’est-à-dire une première baisse de taux de la Fed en mars puis cinq ou six autres d'ici la fin de l'année) est désormais de l'histoire ancienne. L'économie américaine est trop dynamique pour réduire les taux aussi vite. L’emploi reste vigoureux, avec un taux de chômage à 3.7% et 353K créations de postes, les dépenses de construction progressent de 0.9%, le PIB de 3.3% (après 4.9% au troisième trimestre 2023) et les indicateurs d’activité se redressent (à respectivement 49.1 pour l’ISM manufacturier et 52.9 pour celui des services).
Parallèlement, l'inflation américaine de janvier n'a pas suivi une trajectoire aussi favorable que prévu. La hausse des prix à la consommation sur un an a certes décéléré de 3.4% à 3.1% entre décembre et janvier, mais les économistes attendaient un coup de frein plus net. Quant à l'inflation de base, elle s’est maintenue à 3.9%. Cela semble suffisant pour que la politique monétaire ne change pas tout de suite. La Fed avait mis en garde le marché contre un excès d'optimisme sur le front de la lutte contre l'inflation, mais elle avait peut-être donné trop d'espoirs aux investisseurs en décembre. Concrètement, l'inflation est plus élevée que prévu, les rendements obligataires remontent, le dollar s’apprécie face aux principales devises. Les pronostics ne sont plus que de trois ou quatre baisses de taux américains de 25 points de base cette année, dont la première en juin ou juillet (et non plus à partir de mars).

Concernant les publications de résultats, la croissance des bénéfices du 4e trimestre est deux fois plus rapide que prévu aux Etats-Unis. Deux tiers des sociétés du S&P500 ont déjà publié, dont une grande partie des poids lourds et près de 80% d’entre elles ont dépassé les attentes selon le consensus Factset. Les bénéfices devraient ressortir en hausse de 2.9% sur le trimestre (contre 1.5% attendu fin décembre). Comme à l’accoutumée, les technos ont tiré les indices vers le haut et les "Sept Magnifiques" ont représenté 60% de la hausse du S&P500 en 2024 (seule Tesla perd près de 26% depuis le début de l’année). 

Les actions technologiques américaines ont néanmoins subi leur première baisse après le CPI, même si l’intelligence artificielle devrait toujours avoir le vent en poupe. Les prochaines statistiques liées aux prix devraient donc prendre plus d'importance dans les semaines à venir et pourraient être source de volatilité, à l’image du VIX qui revient sur ses plus hauts de novembre dernier.

La récente poussée des indices incite donc à la prudence puisque de nouvelles données décevantes pourraient servir de prétexte à des prises de bénéfices plus marquées.

D’un point de vue graphique, dans le sillage de Wall Street, le CAC 40 a inscrit un nouveau record absolu le 23 février à 7 976 points. Certaines de ses composantes affichent des performances à deux chiffres depuis le 1er janvier. Safran engrange 24,45 %, Hermès 19,58 %, Capgemini 18,41 %, Publicis 16,93 % et Schneider Electric 15,52 % tandis que BNP Paribas perd 11,58 %, STMicroelectronics 8,54 % et Edenred 8,53 %.
 
L’indice parisien montre quelques signes d’essoufflement après le record de clôture établi le vendredi 23 février et pourrait ainsi amorcer un mouvement de consolidation, d’autant qu’un gap reste ouvert depuis le 26 janvier, dans la zone des 7 466/7 553 points. Ces deux niveaux constituent les premiers objectifs baissiers, ce qui ne devrait toutefois pas remettre en cause la dynamique de fond. En données journalières, seul un retour sous les 7 400 points militerait pour des dégagements plus marqués en direction des 7 371/7 300 points.
 
On pourrait donc profiter d’un retour dans cette zone de cours pour revenir progressivement à l’achat avec un meilleur timing.