Le groupe français spécialisé dans les laboratoires d’analyse Eurofins va dépenser 670 millions de dollars pour récupérer Covance Food Solutions auprès de LabCorp. Cette entité regroupe douze laboratoires sur la planète, dont neuf aux Etats-Unis. Ils officient dans le domaine alimentaire. Avec ses 850 employés, CFS a dégagé 160 millions de dollars de chiffre d’affaires l’année dernière, avec une marge d’Ebitda non précisée (évaluée à 30% par certains analystes) qui dépasse significativement les standards et les objectifs d’Eurofins. Le prix payé peut paraître élevé, mais l’acquéreur précise que les deux entités sont très complémentaires et qu’il ne sera pas nécessaire de restructurer CFS. En bourse, l'action réagit peu en s'adjugeant 0,3% dans les premiers échanges parisiens de la semaine, à 435 euros. 

Cher payé, mais cohérent

Le prix ne choque pas outre mesure Jefferies, même s’il est jugé élevé. « Le rachat de Covance Food Solutions cimente le leadership mondial d’Eurofins dans l’alimentaire et devrait conduire le groupe à la place de numéro un aux Etats-Unis », explique l’analyste Will Kirkness, qui concède que compte tenu des montants engagés, il ne devrait pas y avoir de création de valeur avant au moins dix ans. La transaction sera cependant positive pour le bénéfice par action dès 2019. Pour Kirkness, Eurofins est proche de son niveau d’endettement maximum après le rachat. Le ratio dette nette sur Ebitda devrait atteindre 2,9 fois cette année avant de reculer légèrement à 2,8 fois en 2019. Le management savait qu’il était proche de la limite acceptable par les investisseurs, c’est sans doute pourquoi il a insisté, dans son communiqué, sur le fait qu’il se montrera conservateur à l’avenir.

Un parcours boursier récent heurté


Parcours exemplaire ces cinq dernières années pour l'action... qui marque toutefois le coup depuis le début 2018


Jefferies reste à « conserver », avec une valorisation à 500 euros. Le dossier a affiché un parcours remarquable ces dernières années, mais il a tendance à marquer le pas depuis quelques semaines, alors que ses niveaux de valorisation ne souffrent aucun accroc dans la communication financière. Sur 13 analystes qui suivent le dossier, 6 sont positifs, 5 neutres et 2 négatifs. L'objetcif moyen ressort à 527,17 euros, avec une forte disparité entre les extrêmes : le bureau d'études le plus optimiste valorise le titre 660 euros et le plus pessimiste 422 euros.